dimanche 7 août 2016

1er août - retour au familier

Montréal



Je sors sans avoir déjeuné ni bu de café. Je retrouve l’été montréalais après cinq semaines dans le Grand-Nord. Je retrouve sans étonnement la circulation du boulevard de Lorimier à la sortie du pont Jacques-Cartier. Je retrouve sans étonnement les cônes orange qui n’ont pas bougé coin Ontario. Vaut mieux en rire! Sur les trottoirs, des fleurs en pots se sont épanouies. Dans le petit parc des pompiers, un homme dort dans un sac de couchage au pied d’un amélanchier. J’ai l’habitude de traverser ce parc, mais je fais un détour cette fois-ci. Dans le grand parc des Faubourgs, les chênes sont toujours alignés en face de l’église Notre-Dame-de-Guadalupe, mais leur feuillage est plus dense et d’un vert plus foncé. Les graminées ont bien poussé dans leurs rectangles symétriques. L’eau jaillit dans la fontaine qui la retient dans son carré de béton. – À Ivujivik au Nunavik, un camion-citerne distribue l’eau potable à chacune des maisons du village, et un autre siphonne les eaux usées, car il n’y a pas de canalisation souterraine. 


Au coin de la rue Dorion, la porte arrière de la buanderie est ouverte. Debout dans l’embrasure, un homme en pantalon noir et torse nu s’allume une cigarette en attendant sa brassée de lavage. Je l’observe discrètement; il porte un tatouage sur le bras et des traces de camisole sur ses épaules bronzées. Un peu plus loin, la vitrine d’une boutique attire mon attention et me fait sourire. Tiens, même ici, les chiens nous regardent en penchant la tête. Je pense à mes deux amis chiens d’Ivujivik…


La faim me tenaille. J’entre dans un petit restau au coin de la rue de Champlain et commande un déjeuner copieux que je mange avec appétit. Dernièrement, mes choix alimentaires étaient un peu limités, alors toutes ces couleurs dans mon assiette me font plaisir! Mais je ne m’attarde pas longtemps dans la place à cause des gens qui parlent trop fort.

Je reprends la rue Ontario vers l’est en passant au cœur du chantier. Je tourne à gauche sur la rue Parthenais puis marche vers le nord. Entre le grand bâtiment de la Grover et l’école Pierre-Dupuy, le bruit ambiant s’assourdit, fade out, tout est soudainement calme. J’ai même l’impression que j'avance au ralenti. Devant moi, un homme debout attend sur le trottoir, et un autre homme passe devant lui, aussi au ralenti. Sur le trottoir d’en face, un troisième homme traverse la rue pour rejoindre notre trottoir. Lents parcours croisés. Séquence parfaitement cinématographique. Je me demande si, dans les scènes extérieures des films, tous les mouvements des figurants sont chorégraphiés avec précision. Je présume que oui.

Je continue de marcher dans cette ambiance feutrée sur fond de ronronnement des climatiseurs de la Grover. Je dépasse la rue Larivière et m’approche du jardin de la coopérative Lezarts, où une cigale chante.





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